Texte d'Eric Céloin 3 : C'est comment la pénétration quand on a un pénis ?

Défi avec Ludivine, et en plus c'est dimanche. Comme dirait ma fille : pépouze dans les sketba !
Un "article" récent interrogeait 12 hommes avec cette question : C’est comment la pénétration quand on a un pénis ?
Alors pour les autres, je ne sais pas. En revanche, je peux tenter de dire "comment c'est" pour ce qui me concerne.
1) Premiers ressentis lors d'une pénétration.
L'on pourra facilement me reprocher qu'à défaut d'enfiler, je me défile (encore) par le biais d'une réponse chevillée à l'idée que "cela dépend". De la partenaire et de la position bien entendu, mais aussi du moment de la journée, des circonstances, du degré d'excitation des protagonistes, de la température des corps et des lieux, etc. Le petit coup à l'arrache, debout contre un arbre ombrageux ne me procure pas les mêmes sensations que celles vécues lors d'un ébat voluptueux et lent, précédé de longues préfaces lors d'une nuit d'hiver. Celles qui suivent immédiatement un réveil encore embrumé de sommeil ne provoquent pas les mêmes émois que celles de la sieste qui suit un repas bien arrosé. Et que dire de certaines conditions ? Dans l'eau ? Par climat tropical ? Juste après un bain froid ? Ainsi la gamme des déréglements est loin de se résumer à "chaud et humide" ou à "ça me fait comme de l'électricité".
Parfois, c'est une sorte de lutte, où les sexes doivent s'accepter l'un l'autre, par cran, afin d'éviter la souffrance. Quelques fois, c'est un accueil trop facile, où l'on n'a pas le temps de profiter des premiers spasmes, des premiers centimètres, tantôt c'est épais, pas si loin d'une glaise très meuble, parfois c'est cristallin, transparent comme l'eau claire. Quoiqu'il en soit, j'aime faire durer ce moment là avant d'aller plus loin, jouer à l'entrée jusqu'à provoquer un appel auquel je prends un malin plaisir à résister, jusqu'à ce que devienne inévitable une exploration menée plus avant. Mais que l'on ne s'y trompe pas : durant toute la séquence et jusqu'à l'orgasme, l'on peut revenir là, à l'orée, et tant pis si l'aimée proteste : rien, jamais, n'est acquis d'avance. Ce qui n'empêche pas les surprises à la hussarde Faut savoir taquiner, feinter, surprendre.
2) La pénétration plus profonde.
Un effet de digue, à plusieurs paliers. Pour peu que la première étape et ses préliminaires aient été de qualité, il y a ce sentiment étrange, la plupart du temps, que les choses trouvent enfin leur place. Qu'elles se complètent. Qu'elles sont, enfin, entières. Intègres. Que ce machin gonflé qu'on traîne entre les jambes prend finalement son sens. Que le temps passé en dehors de cela est un peu vain, inutile, presque triste. A ce moment-là, croit-on, l'on devrait toujours être gansé de la sorte et jamais dehors, jamais seul.
C'est là ! Et pas ailleurs.
Et puis l'on peut s'amuser, moduler, jouer. Sur le rythme, la profondeur, la brutalité ou la douceur, les rotations, les obliques dans les trois dimensions, on peut provoquer l'autre et l'emmener si près, le laisser planer sans impulsion supplémentaire, s'immobiliser et ne jouer que de la vibration, impulser, saturer, manquer, ou laisser l'autre appeler. Se promener sur la corde de l'équilibre des forces, tomber parfois, faire tomber l'autre. Tricher : pas plus loin ! Aujourd'hui, pas plus loin ! Nouer ce contrat impossible de se promettre que ce sera ce feu éternel sans l'éteindre jamais. On peut jouer de soi quand on est un mec : aller là où ça pourrait craquer, calmer à l'extrême limite, pour que ça dure, encore.
Toucher le fond ? Des fois oui, des fois non. Ca peut enchanter les deux. Mais ça peut être aussi un peu douloureux pour l'un ou l'autre.
3) L'orgasme
Dans "l'article", les hommes parlent d’électricité, de chatouilles, de tension entre les testicules et la verge, de la montée de sève. C'est simple, je ne vois même pas de quoi ils parlent.
Depuis la plante des pieds jusqu'à la racine des cheveux, et je veux à tout prix dire ici que je parle de physiologie sans souhait d'utiliser "une image", se concentre, depuis le départ, progressivement, par vagues, une impulsion tyrannique qui truste la peau, le cerveau, les mains, les tendons, les os, le système nerveux, le sang, les cartilages, la kératine, les hormones, etc. Tension ? Oui ! Mais entre tout et tout et même au delà : l'air autour, la lumière, le corps de l'autre, la température, les textures, c'est comme attirer le monde en un point unique. En même temps que je jouis, j'éprouve l'amour dans l'ensemble de ses dimensions : gratuité, admiration, reconnaissance, paix, évaporation de toute méfiance et de toute obligation d'image, oubli de soi, foi, vacarme assourdissant, silence sans fin, le mélange à l'autre, la solitude, le deuil, la mort, l'amnésie, le temps effacé, la naissance et son cri.
Et encore dois-je dire que même en faisant des efforts pour décrire, il est des choses que je ne suis pas en mesure d'exprimer. A ce moment là, je suis, oui, et c'est si rare, dépassé, débordé, mis sur la touche, incapable de conceptualiser.
Délicieux, est très en dessous du réel. D'ailleurs, j'ai beau chercher, je ne trouve pas le mot qui dirait l'indicible.

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