C'est comment la pénétration quand on a un vagin? Réponse à Eric Céloin 3
Défi d’écriture… relevé par
Eric Céloin d’abord avec un brio et une grâce incomparables. C’est mon tour de
me confronter à l’exercice : répondre à la question : C’est comment
la pénétration quand on a un vagin ?
Circonscrivons le
sujet : pénétration par un sexe d’homme.
Les accessoires, c'est beaucoup moins bien.
Et précisons : ce
que je m’apprête à décrire n’est pas le quotidien. Je me suis attachée au rare,
au précieux, celui qu’on ne rencontre pas à chaque fois, et c’est tant mieux
car il y perdrait peut-être de sa magie. The Big One.
Chercher à l’atteindre systématiquement est vain et contre-productif, parfois on le sent à portée de sensations, il est là, tout près, au dessus d’un plafond de verre qu’on n’arrive pas toujours à briser, et le chercher trop fort empêche de savourer les paliers intermédiaires qui peuvent être si délicieux.
Chercher à l’atteindre systématiquement est vain et contre-productif, parfois on le sent à portée de sensations, il est là, tout près, au dessus d’un plafond de verre qu’on n’arrive pas toujours à briser, et le chercher trop fort empêche de savourer les paliers intermédiaires qui peuvent être si délicieux.
Le Big One, c’est pas toi qui
le cherche, c’est lui qui te trouve.
Précisons encore : ce
sont mes sensations que je décris ici, et mon échantillon n’a pas valeur
statistique. Certaines se retrouveront dans cette description, d’autres non.
N’hésitez pas pas à partager votre vision dans les commentaires, et
transformons ce défi en forum de la diversité orgasmique !
Donc…
C’est comment la pénétration
quand on est une femme ?
D’abord ce sentiment
d’urgence vitale, de besoin absolu, sur le champ et séance tenante. Là,
maintenant, tout de suite. Peu importe les lieux, peu importe les
circonstances, peu importe la position. Baise-moi, je t’en supplie, baise-moi
maintenant je n’en peux plus, je ne désire rien d’autre à cet instant précis,
j’ai l’impression que je vais mourir si je n’obtiens pas ce que je considère
alors comme un dû. Cette queue que j’ai goûtée, regardée, humée, caressée,
maintenant c’est là que je la veux, et pas ailleurs. Comment veux-tu que je te
prenne, demande parfois l’homme, prévenant et à l’écoute. Je m’en fous
complètement, prends-moi comme tu veux, mais prends-moi s’il te plait (on peut
être affamée mais rester bien élevée).
Cette pulsion, cette envie
d’être pénétrée, elle est dingue. Violente, impérative, sans concession, elle
peut rendre folle : rien d’autre au monde ne compte.
Qui n’a jamais vécu la souffrance atroce que représente, à ce moment précis, le bruit de petits pieds nus derrière la porte (fermée, encore heureux), ce petit bruit fatal qui précède le « Maman j’ai fait un cauchemar » et qui annonce l’interruption brutale du plaisir attendu ?
L’amour maternel, à cet instant-là, connaît un violent effet retard, précédé qu’il est par une bouffée de frustration d’une intensité rare. Aaaaaaaarghh…
Qui n’a jamais vécu la souffrance atroce que représente, à ce moment précis, le bruit de petits pieds nus derrière la porte (fermée, encore heureux), ce petit bruit fatal qui précède le « Maman j’ai fait un cauchemar » et qui annonce l’interruption brutale du plaisir attendu ?
L’amour maternel, à cet instant-là, connaît un violent effet retard, précédé qu’il est par une bouffée de frustration d’une intensité rare. Aaaaaaaarghh…
Cette intensité du désir, ce
sentiment d’urgence est le même quelles que soient les circonstances qui nous
ont amenés là.
Ça peut être une pulsion
subite et partagée, ressentie dans un lieu public, de celles qui nous font
chercher fébrilement le moindre recoin un tant soit peu discret pour
l’assouvir, la cour d’un immeuble parisien, les toilettes d’un pub irlandais,
le siège d’une voiture garée précipitamment à l’abri des regards. D’ailleurs il
arrive un moment où des éventuels regards on ne fait plus aucun cas, centrés
sur l’envie à assouvir.
Dans ces cas d’urgence médicale, foin de préliminaires : le cerveau a fait tout le boulot, le temps qu’on trouve l’endroit adéquat les corps sont prêts, tendus ou ouverts, offerts et affamés, et ne veulent rien d’autre qu’en découdre.
Dans ces cas d’urgence médicale, foin de préliminaires : le cerveau a fait tout le boulot, le temps qu’on trouve l’endroit adéquat les corps sont prêts, tendus ou ouverts, offerts et affamés, et ne veulent rien d’autre qu’en découdre.
Mais ça peut être aussi
l’aboutissement d’un processus d’une lenteur délicieuse et progressive, d’une
douceur infinie, dans le silence de la tension sexuelle ou la fièvre des mots
murmurés. Ce tranquille ballet où les gestes et les souffles semblent
suspendus, ralentis, mais où tout converge vers l’accélération ultime. Tout le
corps se tend vers l’aboutissement, chaque centimètre carré de peau est
érogène, la sensation de montée inéluctable du plaisir prend possession de
notre être. Les bouches se dévorent, les langues goûtent les peaux, les mains
parcourent les corps, les esprits s’accordent, les yeux se ferment ou bien se
vrillent dans ceux de l’autre avec cet air d’émerveillement concentré que donne
la montée du plaisir. Les sensations sont
paroxystiques quand les mains, les doigts, la langue, les dents de l’autre évitent
le sexe ou ne font que l’effleurer comme incidemment, le laissant vibrant et
palpitant, supplice de Tantale joyeux car on sait qu’il prendra fin d’autant
plus heureusement qu’il aura duré.
Enfin vient le contact.
Le choc électrique. Les
doigts, la langue, le sexe de l’autre, qu’importe : le moment où il nous
touche après cette délicieuse et torturante attente. Parfois le seul premier
contact, sans mouvement, sans pénétration encore, peut provoquer une première
étincelle, voire un premier embrasement. Un sursaut, un cri de soulagement, une
tension de tout le corps dont toutes les terminaisons nerveuses semblent alors
concentrées là, exactement là, sur cette excroissance de chair insolemment
dardée, minuscule part émergée de cet organe merveilleux.
Magic clitoris…
Mais ce n’est pas assez.
Ce n’est que l’ouverture.
Le code d’accès.
Ce premier embrasement est
comme une porte qui s’ouvre sur l’infini, un verrou qui saute pour permettre
l’accès à la salle du Trésor. Un sésame.
Car ce qu’on désire alors de
toutes nos forces, de toute notre âme, c’est la pénétration.
Les doigts ou la langue
peuvent jouer les éclaireurs et nourrir et prolonger l’embrasement initial.
Mais bientôt ils ne suffiront plus, bientôt il me faudra bien plus, il me
faudra toi tout entier, il me faudra t’engloutir au fond de moi.
Il me faudra ta queue.
Il me faudra ta queue.
Comment décrire ce
sentiment ?
Ce soulagement, d’abord.
Enfin. L'assouvissement du désir, la fin de cette faim dévorante, si impérative qu’elle en devenait douloureuse.
Le sentiment d’être comblée, comblée
au sens heureuse, apaisée, mais aussi au sens remplie. Sentiment de
plénitude, d’accomplissement. De complétude. De complétion.
Comment décrire cette
sensation ?
Localisée d’abord.
L’anamorphose des organes
complémentaires, quand l’organe pénétrant et l’organe pénétré semblent se
transformer pour s’épouser parfaitement, quand la queue tant désirée semble non
pas nous envahir mais précisément nous compléter.
C’est une impression de souplesse et d’épanouissement qui prédomine d’abord,
pas de dureté. Ce n’est pas un pieu qui s’enfonce aveuglément mais un animal
sensible qui explore et habite la tanière qui lui est proposée. D’où
l’importance de la lenteur dans la première pénétration : laisser le temps
à l’animal de humer, découvrir, apprivoiser l’espace offert, s’y couler et
l’adopter. Laisser le temps à l’espace
de s’adapter à son hôte pour mieux l’accueillir, le cajoler, l’enserrer, le
prendre dans ses filets. Laisser à chacun le loisir de savourer la richesse des
sensations que procure cette découverte, de partager ce sentiment d’être
exactement là où il faut.
Le mouvement de va-et-vient
semble plus indispensable à l’homme qu’à la femme pour atteindre
l’orgasme. Pour nous il vaut plus par le vient que par le va : perdre
votre queue pour mieux la retrouver, en éprouver le manque pour mieux ressentir
la félicité de sa présence.
Mais l’immobilité, avant ou bien après, à ce moment suspendu qui précède
votre jouissance, peut être aussi pour nous le paroxysme de l’épanouissement.
Ce moment fantastique où, de
localisé, le plaisir envahit tout le corps par cercles concentriques, où une
chaleur intense gagne jusqu’aux tempes, où d’énormes fleurs rouges éclatent
derrière les yeux, où le sentiment de plénitude confine au bonheur, où le cœur
éclate, où l’on pleure, on l’on rit, où l’on meurt, où l’on crie parce que tout
garder à l’intérieur est impossible, où nos ongles s'enfoncent dans la
peau de l’autre tant on craint de voler en éclat si on ne le cramponne pas de
toutes nos forces.
Merci pour cette jolie leçon, je pense que ce texte devrait être lu, (de manière adaptée) en cours d'éducation sexuelle à l'école. Cela rendrait service à beaucoup.
RépondreSupprimerMyska, reconnaissant