L'origine du monde (réponse à Eric Céloin 1)

DEFI LITTERAIRE AVEC ERIC CELOIN : son texte à la fin


MA REPONSE ICI


Mystérieux pour beaucoup. 
Caché, ne s’ouvrant que pour qui sait comment lui parler. 
Intimidant peut-être par son montage complexe : grandes lèvres, petites lèvres, clitoris, vagin : tout ça pour une seule femme…parfois beaucoup pour un seul homme ?

Il n’est pas apparent, il n’est pas triomphant et il faut s’y pencher. 
Observer le désir le métamorphoser : les grandes lèvres s’ouvrent, les petites palpitent, gonflent, les muqueuses rougissent, le liquide sourd et coule, goutte à goutte… Le clitoris s’érige, se regimbe, manifeste et appelle la caresse. Son érection irrigue tout l’organe, ses deux branches qui enflent et enserrent le vagin dont les parois s’animent, avides d’être touchées, dont la profondeur vibre d’envie d’être comblée. 
Dans le plaisir il vit sa propre volonté, se contracte et s’ouvre, enserre et accueille, vibre, palpite, fait jaillir parfois la fontaine de sa volupté. 

Comme le vôtre messieurs, il s’anime parfois sans notre volonté, au détour d’une image, d’un souvenir, d’une lecture. Contexte professionnel, jupe droite et veste stricte, un oeil sur le portable, un long texto reçu rappelle la nuit passée… les mots défilent et sous la jupe la sarabande commence et la lingerie se mouille. 
Comme le vôtre messieurs il n’est pas si connecté au cerveau et au cœur qu’on aimerait le faire croire. Il peut jouer cavalier seul, embarquer le corps sans que la tête s’en mêle, sans que le cœur s’emmêle : le plaisir brut, la gourmandise, l’amour sans amour.
Mais il peut aussi se gorger d’amour, palpiter pour l’être aimé, en sa présence toujours s’animer. Le plaisir n’est pas alors le même, le cœur l’enrobe et l’emporte dans d’autres latitudes, les sentiments l’entraînent dans un vœu d’éternité. 

Enfant on l’observe, curieuse, dubitative, comparant à celui du frère ou du cousin : il est là, on le sait, même si ce crétin prétend qu’on n’en a pas. Alors on touche, dans son bain, dans son lit, pour peu que la morale n’ait pas dit l’interdit. On caresse, on découvre, on déplie, on explore. On sent, au bout des doigts, on goûte, du bout de la langue. Moins souvent on regarde : pas facile de trouver la bonne taille de miroir. 
Quand on grandit avant Internet, on lit des livres qui nous mettent en émoi, de ceux qui sont cachés, au fond de la bibliothèque familiale, dans la table de nuit des gens dont on garde les enfants. De Pierre Louÿs à SAS, de PlayBoy à Union…la gamme est vaste.
On découvre des gestes, des noms, des positions. On est choquée, gênée dans sa raison, tentée d’être dégoûtée, mais ce qui palpite entre les jambes n’est pas du même avis. Sans image on essaie d’agencer les corps dans sa tête. Dans PlayBoy on comprend que toutes les adultes, même notre mère, cachent sous le buisson la même chose que nous ! C’est une révélation : c’est un sexe de femme qu’on a entre les cuisses, tout est déjà en place. 
On découvre surtout ce permanent mystère : apparemment le sexe est plaisir, le sexe est jouissance, le sexe a l’air fantastique…mais le sexe est tabou, caché, cadré par la morale. Pas de sexe avant le mariage ? Mais pourquoi ? Pourquoi se priver d’explorer, pourquoi différer l’un ou précipiter l’autre ?
On découvre des sociétés où on mutile les femmes pour les empêcher d’accéder au plaisir. Des modes de pensée où l’on couvre les femmes et les enferme pour ne pas tenter les hommes. Un monde où la femme est coupable, coupable de susciter le désir, coupable de l’éprouver, coupable de le formuler, coupable de l’assouvir. Coupable de la convoitise et de la violence des hommes. 

Mais on a la chance d’être préservée de cette violence et on découvre la puissance du plaisir, puis au fil des années, des rencontres et des expériences, l’infinité des plaisirs et de ses variantes. Ce qu’on explore au long cours avec la même personne, portée par l’amour et la confiance. Ce qu’on découvre avec d’autres, portée par la curiosité, le goût de la transgression. On apprivoise cet instrument du plaisir, on croit le connaître par cœur, mais on s’émerveille encore de rencontrer parfois le partenaire qui sait lui faire jouer une note différente. 

Plus discret que celui de l’homme, il n’a pas ce statut de fidèle compagnon, d’animal de compagnie, parfois exubérant et gênant. 
Le mystère dont on l’enrobe volontiers, la peur qu’il a suscitée à travers les siècles en tant que siège du Diable, lieu de la tentation, symbole du péché universel et de la culpabilité, est aussi lié à son autre fonction, autrement encombrante : l’enfantement. 
Ce privilège, cette exclusivité, cette charge, cette responsabilité.
Cette fonction qui le transforme pendant un cycle lunaire, qui le rend plus ou moins avide de plaisir selon les phases de la lune, qui fait couler ce sang si tabou.
Qui pendant neuf fois transforme l’intégralité du corps, supplante voire efface sa fonction plaisir.

Qui le meurtrit parfois lors de l’accouchement, voire abîme sa perception aux yeux du père.

Qui transforme notre image et notre statut aux yeux de la société et trop souvent du conjoint. La femme libre et sexuée devient mère, icône respectable et responsable, titulaire de la charge du foyer, encensée et célébrée mais aussi empêchée, cantonnée, professionnellement freinée.

La paternité est loin d’avoir le même impact sur la perception des hommes, sur leur rôle, sur leur sexualité projetée. Pour vous autres rien ne change.
Pour nous autres tout peut être à reconquérir. 
C’est déjà une chance, ou peut-être un travail sur soi, d’aimer son corps, d’aimer son sexe, de les trouver beaux et d’être en confiance avec eux. D’assumer ses désirs. 
C’en est encore une, ou peut-être un autre travail sur soi de surmonter le grand bouleversement de la maternité et de retrouver cette confiance. 
Et de découvrir que l’amour n’a pas d’âge, et le plaisir, pas de date de péremption. 

Longue vie donc à nos belles chattes et à vos jolies queues, puissent-elles toujours se trouver et se retrouver pour notre plaisir partagé !




LE TEXTE D'ERIC CELOIN
Qu’elle soit motif d’orgueil ou de complexe, l’on peut dire de la queue des hommes qu’elle suscite chez eux des sentiments en général assez disproportionnés au regard de ses dimensions mesurables.
C’est quelque chose vous savez ? On n’en parle jamais vraiment clairement sinon en accompagnant ses fanfaronnades de lippes grasses, de clins d’œil narquois ou d’onomatopées sardoniques, on ne la chante pas ou presque, elle n'est pas choisie, pour elle-même, en tant que sujet de films ou de poèmes qui seraient validés par une académie, bref, elle est réduite (si l’on peut dire) la plupart du temps à sa fonction conquérante et dominatrice de se fouir aux puits d’un ou d’une autre et portant la responsabilité de signifier l’étendue des qualités de son détenteur.
Rangée là en attendant l’aubaine, elle fait l’objet d’observations intimes, inquiètes, fières ou fiévreuses, comparatives, de mesures régulières et d’une quasi-totale absence de soins qui lui seraient dédiés. Du matériel rustique en somme, corvéable à merci et tourmentant souvent plus son porteur que ses récipiendaires.
Pourtant, c’est quelque chose, croyez-moi. Depuis petit garçon où l’on passe la moitié de son temps la main dans la culotte à la cajoler comme un doudou à l’état d’adulte où l’on subit à intervalles réguliers ses saillies impératives, l’on vit avec comme l’on s’accommoderait d’être en permanence affublé d’un double un-peu-sangsue-un-peu-crampon. Y a les têtes nues et les fragiles, celles qu’on empoigne sans ménagement et les sensibles, y a les pas droites et les bouffies, les rougeaudes et les soyeuses, parées souvent d’un buisson mal dégrossi et d’une paire de choses dont la laideur n’a rien à envier à la disgrâce d’un genou ou d’un coude, rares sont celles dont on peut dire, au moins durant leur repos, qu’elles présentent un attrait esthétique flagrant.
On fait avec. Avec ce truc qui livre tout de lui-même sans l’art du secret ou de la confidence qu’a le sexe des filles, avec ce bidule se sentant parfois pousser des ailes en autonome et capable de vous embarrasser sur une plage, en réunion ou au bureau, avec ce machin aux réactions parasitaires suscitées, qui par le regard, qui par la pensée dérivant, qui encore par les mots écrits ou dits dans le cadre des conversations de boudoir.
On l’aime quand même hein. Mais pas si souvent, je veux dire en cela que sa charge symbolique est pour la plupart des mâles tellement supérieure à ses mérites concrets qu’on a du mal à l’apprécier simplement, honnêtement, comme une camarade sûre et présente, comme une durable confidente, pour ce qu’elle est.

Pourtant, c’est quelque chose, croyez-moi. Des moments que je passe en sa compagnie, il en est un que je dois mentionner, en profitant de son évocation pour lui adresser une louange personnelle : il lui arrive d’être, en fidèle messagère, au diapason parfait de l’assaillant désir que j’éprouve pour toi, mon amour, de tenir sa place ni plus ni moins et de traduire l’effet que tu me fais, et alors, brûlante et solide, elle dit autrement que ne le fait ma voix mon désir fou, mon amour fou, cette chimère muette et poursuivie de mourir ensemble, ici, maintenant, de cette manière et pas autrement.

Commentaires

  1. Le monde est mal fait, le corps humain surtout...pourquoi tout mélanger ? pourquoi mélanger la procréation et le plaisir ? L'acte ne devrait pas être le même selon qu'on recherche le plaisir ou la reproduction : nous manquons d'organes, on devrait pouvoir se reproduire juste parce qu'on en a envie sans rien avoir à faire d'autre qu'un acte de volonté, et baiser absolument sans conséquences, pour le plaisir sans craindre de grossesse. Dans mon esprit (tordu peut-être et né à l'ère de la contraception) je ne vois aucun rapport entre le désir sexuel immédiat, brut et le désir de paternité. L'espèce évolue, on y arrivera peut-être un jour...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Et pourtant le process de reproduction joue son rôle dans le désir, puisque les hormones présentes au moment de l'ovulation, donc du pic de fertilité, décuplent le désir féminin ! Mais heureusement le désir est aussi stimulé par d'autres facteurs. La lecture, par exemple !! Le cerveau reste un des plus puissants organes du plaisir...

      Supprimer

Enregistrer un commentaire

LES PLUS LUS