Queue : nom féminin, membre masculin. (réponse à Eric Céloin 2)


DEFI LITTERAIRE AVEC ERIC CELOIN : son texte à la fin

MA REPONSE ICI 
C’est d’abord, quand vous dormez, ce petit animal doux et affectueux, assoupi tranquillement dans son douillet nid de poils (gardez vos poils, c’est mignon. 
Sans, ça lui donne l’air chauve et démuni comme Samson).
Il semble respirer paisiblement au rythme de son propriétaire, il n’a l’air de rien.
Franchement, sans connaître son pouvoir de transformation, nulle ne parierait sur lui. Inoffensif, attendrissant, un brin ridicule… quel drôle d’appendice.
Mais cette identité secrète d’organe ordinaire, limite incongru, cache un super-héros…
Dont nous connaissons la double vie.
La transformation est plus ou moins rapide et plus ou moins spontanée. Pas besoin de cabine téléphonique, de cape ou de tourbillon magique : un rien peu déclencher la métamorphose. À l’insu même de son propriétaire. Un rêve. Un souvenir. Une image. Un sms. Un décolleté. Une terrasse en été. Un mot à l’oreille. Un geste. Un contact.

Un contact, donc…
Qui n’a jamais réveillé un homme endormi n’a jamais expérimenté la plus belle des magies. A chacun son réveil préféré.
A l’un suffiront les caresses douces et faussement désintéressées : sur le torse, les épaules, les bras et l’intérieur des cuisses, inutile d’explorer le centre, la périphérie suffit à l’éveiller.
À l’autre les mots murmurés à l’oreille, explicites et prédictifs redonneront vie par magie.
Celui-là s’épanouira sous la douceur d’une paume, frémira d’abord, lèvera la tête, semblant chercher la caresse comme un chien pousse son museau sous la main de son maître. Il se redressera, se déploiera, vite maintenant, il en voudra plus, réclamant l’empoignade et le va et vient qui consolidera son éveil et précipitera sa fin.
Quant à lui il préfèrera la chaleur d’une bouche.

Sentir l’éveil de la queue aimée sur sa langue, ressentir l’inertie initiale se muer en frémissement puis en mouvement, son poids s’alléger à mesure qu’elle se lève, sa forme s’épanouir et remplir la bouche, son gland chercher la langue qui le caresse.
Le sentiment de pouvoir que procure cette transformation… je suppose qu’il ressemble à celui que vous éprouvez quand nous jouissons sous vos caresses.
Mais nous doutons aussi. Transformation obtenue, ok, voilà une partie de la mission accomplie. Résultat tangible, satisfaction du travail bien fait.
Mais ensuite… qu’on vous garde en main ou qu’on vous prenne en bouche…Quand on vous connaît peu, comment savoir ce qui vous plait ? Comment savoir si on fait ce que vous préférez ? Où préférez-vous la langue ? Le gland ou la longueur ? Quel mouvement ? Quelle cadence ? Et les mains, qu’aimeriez-vous qu’on en fasse ? Et le doigt ? On le tente, ou pas ? Et les couilles, elles en veulent aussi ou non ?
On prétend que les hommes sont une mécanique bien plus simple que les femmes … mais est-ce si vrai ? Parlez donc, les garçons, guidez-nous, encouragez-nous, mettez-nous sur la bonne voie ou confirmez qu’on l’a trouvée.
Quelle joie de trouver le combo gagnant. Quel plaisir, quel sentiment de puissance, quel bonheur de vous sentir partir sous nos doigts, sous nos lèvres. Quelle ivresse de vous entendre exprimer votre jouissance. Qu’on aime à la voir se répandre ou qu’on préfère l’absorber toute, c’est un bonheur que de constater l’effet de notre action.

Je ne parle, bien sûr, que d’échanges désirés -et non pas consentis car consentir n’est pas sentir. Je frémis en imaginant la violence de ce que j’ai décrit pour quelqu’un.e ne le désirant pas. Comment rendre aussi odieux et mortifère des gestes qui dans le désir sont si délicieux ? L’aberration du viol et des rapports contraints dépasse l’entendement.
Il en va de même pour la vision du sexe masculin. Seul le désir le magnifie. Rien de plus intrusif et laid que la vision d’une bite non sollicitée.
Je me souviens d’un exhibitionniste qui m’avait abordée dans un grand magasin, alors que j’étais adulte. J’en avais déjà désiré, aimé et goûté plus d’une alors, et pourtant…la surprise de voir cette pauvre chose si laide parce que non désirée m’avait presque autant choquée que quand j’étais enfant. Pareil pour les dick pik : que cherchent leurs auteurs ? Quelle immaturité leur fait envoyer ça ? Que cherchent-ils à obtenir d’autre que colère, mépris et commisération dans les bons jours ?
Si plaisant quand on l’a souhaitée et demandée à son propriétaire, si révoltant sans sommation ! Soyez tranquille, si nous voulons la voir, si nous voulons l’avoir, nous saurons vous la demander.

Si belles à regarder, à toucher, à sentir et goûter dans leur épanouissement.
Toutes singulières en forme, en couleur, en volume, en texture, en douceur, en souplesse. En goût et en parfum… l’ivresse de ce parfum capturé par nos cheveux, qu’on humera le lendemain en fermant bien les yeux…
Le dessin des veines et la forme du gland. Arrondi, pointu, épanoui…
Circoncises ou non. Celles qui, dès la première envie, laissent perler cette goutte translucide au goût si délicieux, éclaireur de l’ultime plaisir. Celles qui, modestes assoupies, se déploient en majesté pour une divine surprise.

Divine aussi cette sensation d’être comblée, remplie, complétée par la queue désirée. Ce sentiment d’une complétude absolue, cette magie des anatomies symétriques, cette perfection qui se scelle dans un soupir conjoint d’accomplissement, de soulagement avant de devenir fusion…
Plus le désir est puissant, plus la magie opère… et moins le volume compte.
Messieurs, au lieu de vous angoisser sur la taille de votre attribut, de vous comparer et d’acheter des voitures, préoccupez-vous d’en maximiser chez nous le désir : plus nous la voulons, plus elle nous comble. Si elle est imposante, alors le désir qu’ont provoqué les plaisirs partagés auparavant sera le meilleur sésame.
Où y a de la gêne y a pas de plaisir, si ça fait mal c’est que c’est mal fait : tordez le cou au mythe de « la douleur qui se transforme en plaisir », légende urbaine pour sodomites paresseux.
Le désir est la clé de tout et le plaisir ne peut être consenti : il ne devrait être qu’ardemment désiré. La réticence de votre partenaire à telle ou telle pratique ne peut être surmontée que par son propre désir, pas par celui de vous faire plaisir. 

Quand à votre plaisir… vous nous dites qu’il ne se limite pas à l’éjaculation, ni même à la pénétration, que les sensations sont multiples et variées : pour qui aime le corps de l’autre, tout est plaisir. Mais celui-là est magnifique aussi pour nous, qu’on choisisse de le recevoir dedans ou dehors, devant ou derrière, qu’il soit long et puissant ou court et saccadé.
Aussi ne le gardez pas pour vous, parlez-nous, exprimez-vous, exprimez-le.

Partageons-le.  




LE TEXTE D'ERIC CELOIN
Un trou est un trou entend-on ici ou là, et il n’est pas de contre-vérité plus laide ou plus fausse que cette affirmation qui trahit deux étroitesses du sensible qui desservent bien trop « d’hommes » : la mise en pièce du corps des femmes, séparant ceci de cela sans en comprendre l’économie harmonieuse d’ensemble, et cette surdité déroutante à l’autre conçue dans l’impératif de se vider, commandement semble-t-il si cruel pour certains qu’il obère jusqu’aux évidences les mieux établies.
Car le fait est que pas un n’est identique et qu’hormis une géographie anatomique présentant quelques lignes approximativement comparables, aucun sexe féminin ne ressemble à un autre, que ce soit en termes d’appétences, de réponses, d’appels, de rythme et même : d’odeur, de vibration, de volume, de soyeux, de consistance… Une bonne manière, sûrement, de ralentir la prise d’âge chez les mâles serait qu’ils sachent continuer à se laisser surprendre à chaque nouvelle rencontre avec cet endroit, si central qu’on y devine caché le vrai centre de gravité des complexions féminines.
Tout aussi faux serait de donner exagérément raison à ce dogme freudien qui généralise un sentiment de castration chez les unes et une impression de supériorité chez les autres au prétexte qu’on ne trouverait oncques proéminence chez les filles en lieu et place du vermicelle dont les garçons sont affublés à l’âge des premiers constats. J’y ai vu très tôt des rebondissements pleins d’élégance et une beauté formelle autrement plus gracieuse que les grotesques paires de couilles déparant à elles seules toute prétention esthétique dont aimerait se prévaloir la plus fringante des verges. Mieux. J’y devinais une sorte d’atoll, une anse secrète, un lieu de vie entier aussi clément d’apparence que câlin sous la surface. Tout y semblait onctueux, délicat, affable, suave, satiné. Tout intriguait. Un peu avant mes sept ans, j'avais opté pour projet de vie d'en tout apprendre, d'en ressentir autant que possible quand l'on n'est pas composé du même bois.
J’avais quinze ans. Elle, vingt-deux, elle m’avait emmené à la patinoire et puis invité à dormir chez elle, on n’allait pas se faire suer à déplier le canapé alors qu’elle avait un grand lit non ? Elle m’avait laissé caresser son sexe pendant peut-être deux heures dans le noir de la nuit et voilà ma première cueillette du fruit convoité. J’avais pris d’infinies précautions car au premier contact il m’était apparu comme limpide que ses capacités d’échauffement et de transports seraient inversement proportionnelles à la force appliquée. Et le miracle s’était produit, par crans ses jambes s’étaient ouvertes de plus en plus, son odeur avait changé tout comme son souffle, d’humide elle s'était trouvée mouillée pour finir trempée, elle s'aimantait à ma main tandis qu'il me tardait de devenir plus perspicace amant.
Que cela soit avec les doigts, la bouche ou la queue, je ressens à chaque fois une forme de gratitude mêlée de fierté à être pour partie la cause de ces ondulations, frémissements, renflements, palpitations, de ces ruissellements poisseux et aromatiques.
Aucun n’a la même odeur, le même goût, la même élasticité. Aucun n’aime les mêmes caresses ni les mêmes rythmes, aucun n’accueille de la même manière, demande, supplie, rejette, aucun n’a la même voix : car l’on apprend ceci pour peu qu’on prête l’oreille : il y a sous la peau des femmes, partant de là et parcourant tout le corps une fréquence très ténue, une sorte de grondement propre à chacune qui préfigure ou en tout cas prie pour que l’orage advienne.
Il faudrait y consacrer une encyclopédie, le texte du jour n’a pas cette vocation. J’abrège donc et en termine par ceci, d’une convenance toute personnelle : je les préfère glabres. Non pas qu’ainsi privés de pilosité ils me rappelleraient ceux des filles plus jeunes, non, mais parce que leur subtilité est telle qu’il me semble plus authentique d’en pouvoir ressentir le contact le plus étroit, le plus proche, le plus cru et dénudé, dénué d'artifice.

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