La vie de château, Texte finaliste du PNE 2018.


Texte rédigé dans la nuit du 28 au 29 octobre 2017 dans le cadre du Prix de la Nouvelle Erotique 2018. Ecriture sous triple contrainte :
1. Le temps : thème donné à 23:50 le samedi soir, texte à rendre au plus tard à 7:00 le dimanche.
2. Le thème "UN DINER DE CONS"
3. Le mot final : "COMMODE"
Sélectionné dans les 30 finalistes, il n'a cependant pas été retenu pour l'édition du Recueil 2018. 
Titre de la nouvelle lauréate : Si le corps est prison, de Eric Abbel. 




Une fine couche de givre argente le pré et cisèle les branches comme autant de pièces d’orfèvrerie dont elle souligne les détails délicats.
Le soleil du matin enlumine les contours et fait scintiller l’étang glacé. 
La glace ne tiendra pas, pense Colette, les journées sont trop belles en ce début d’automne aux matins frais suivis d’après-midi radieuses.
Elle trace des ronds dans la buée que son souffle forme sur la vitre glacée.
Un lapin pressé traverse le pré. Le héron blanc s’envole paresseusement et dessine quelques cercles au dessus de l’étang avant de s’éloigner de son vol nonchalant. Bientôt, songe-t-elle, tout ce petit monde se mettra tant bien que mal à l’abri, affolé par la furie des hommes.

Colette soupire. Dans le couloir résonnent les pas et les salutations des invités, ravis par la magnifique journée qui s’annonce. Belle journée pour un massacre…
Colette n’aime pas la chasse.

Rejoindre les invités à la salle à manger ? Leur teint couperosé par les excès, leurs voix de stentor, leurs plaisanteries éculées… Les regards de maquignon des pères et des fils, des mères aussi. Colette a 18 ans : prête pour le grand marché aux bestiaux. Des fermes en Beauce, un immeuble de rapport avenue Mozart et un appartement rue François 1er, un château en Sologne… Fille unique, elle est un beau parti.
Sa silhouette souple et ses attaches fines, son teint frais et ses grands yeux verts ajoutent à sa valeur matrimoniale… du point de vue des père et des fils du moins, son franc-parler lui aliénant les mères : la belle-fille ne sera pas facile à gouverner.
Le jeune Marquis de R n’est pas si mal, songe Colette… hélas il vient de se marier, à une jeune femme aux cheveux courts et au nez busqué, une « brune piquante » comme dit son père. Elle l’a saluée brièvement la veille au soir : un regard d’un noir intense, qui s’est prolongé au delà des usages et l’a fait rougir comme une oie blanche. Par moment Colette se battrait d’être si empotée face à ces parisiennes cosmopolites, si distinguées et si modernes.


Colette se recouche. Pas le courage. Le déjeuner, un lunch froid qui sera dressé en bas du Pré aux Chênes, puis le dîner d’apparat suffiront à son bonheur. Elle sait sa mère trop occupée avec les invités pour venir la houspiller en invoquant l’excès de sommeil qui gâte le teint des jeunes filles.  Elle se rendort.   

Puis se réveille en sursaut, essoufflée, trempée de sueur. Reprenant son souffle et ses esprits, adossée à ses oreillers brodés du chiffre familial, elle récupère tant bien que mal dans sa mémoire des bribes du rêve qui l’a tant agitée. La jeune marquise… son mari… dans leur lit… et elle avec eux ! Nus, en sueur, gémissants… Comment peut-elle avoir imaginé une telle scène, elle qui n’a encore rien connu ? Comment une idée aussi dépravée a t-elle pu germer dans son esprit ? Comment peut-elle se souvenir aussi précisément des seins de la jeune femme qu’elle n’a évidemment jamais vus ?
Ecarlate, dévorée de culpabilité, elle se concentre pour les voir encore, ferme les yeux pour rappeler à son souvenir les sensations éprouvées si vivement dans son sommeil. Ca y est. Elle y est. Elle peut presque sentir sous la paume de sa main les bouts de seins dressés, à la teinte plus foncée que les siens, leur frémissement à son contact… Au creux de ses cuisses la moiteur constatée à son réveil s’accentue. Ses doigts descendent caresser son sexe ouvert, tout doucement, sur les bords, retardant jusqu’au supplice le moment d’activer le bouton secret qui la fait bondir chaque fois. Ces seins, mon Dieu ces seins, pense-t-elle en caressant les siens…
De l’homme il lui vient moins d’images. Manque de références sans doute : elle n’a jamais vu de sexe d’homme. Cette question arrête ses doigts. Non, l’heure n’est pas au plaisir mais à la réflexion. 
C’est exaspérant d’en savoir aussi peu, rage-t-elle, comme souvent, depuis que la curiosité sur ce sujet la taraude. Comment savoir ? Poser la moindre question à sa mère est inconcevable : Colette frémit à l’idée du regard que lui jetterait celle-ci, derrière son face-à-main (un face à main ! En 1937, vraiment, quelle affèterie vieux jeu !). Sa cousine Marie ne s’est-elle pas pris une gifle magistrale de la part de Tante Marthe quand, l’année dernière, elle a osé lui demander : « Maman, êtes-vous enceinte ? » ?
Colette s’en souvient comme si c’était hier, c’était dans le petit salon au moment du café. La stupeur puis les larmes de Marie, le silence glacial des adultes, leur colère à toutes les deux, réfugiées dans la Lingerie.
Et, quelques mois plus tard, la naissance du petit Paul, que Tante Marthe « était allée chercher à la Gare, où elle s’était foulé la cheville ». Raison pour laquelle elle était alitée… Vraiment, les sornettes qu’on leur racontait pour camoufler « le grand secret » !
Elles l’avaient pourtant vite éventé grâce aux naissances des agneaux qu’elles avaient observées en cachette. Le lien entre le « grand secret n°2 », celui de la naissance et le « grand secret n°1 », celui de l’acte qui précédait et causait la naissance, elles l’avaient fait par recoupements et déductions.

Leurs corps, elles les avaient observés, explorés, fermement décidées à comprendre ce qu’on ne leur expliquerait visiblement jamais. Ou peut-être lors d’une conversation gênée et gênante la veille de leur mariage : « ma fille, tu n’es pas censée aimée ça, mais ferme les yeux et fais ton devoir d’épouse » ?
Quand elles se retrouvent aux vacances, les deux cousines s’isolent dans la Lingerie, pour mettre en commun les maigres informations qu’elles ont pu glaner.
Mais sur le sexe des hommes le butin est succinct.

Colette est réduite à imaginer, s’appuyant sur certaines plaisanteries entendues à l’office, et grâce au spectacle des chiens. Est-il aussi rouge et pointu que celui de Porthos, le labrador de son père ? Berk…
Un jour, dans la table de chevet d’une chambre de service, au second étage, elle avait trouvée une photo qu’elle avait observée longuement, fascinée, la curiosité luttant contre la culpabilité : de mauvaise qualité, le cliché montrait une femme à genoux, portant sa bouche au bas du ventre d’un homme assis devant elle. L’homme, en appui sur ses bras, se penchait en arrière, bouche ouverte, semblant se pâmer sous cette attention.
De cette image elle en avait conclu qu’on pouvait (qu’on devait ?) « le » prendre dans sa bouche. Inconvenant ? Certes…Dégoûtant ? Sans doute… Mais si on le faisait, et si on entourait tout ça d’autant de mystère et de secret, c’était probablement que c’était bon, non ?
Les bribes d’informations qu’elles avaient rassemblées au cours de leur enquête avec Marie leur avaient appris une chose: les hommes semblaient tous aimer « ça », et les femmes se partageaient en deux groupes : celles qui aimaient et celles qui subissaient. Les femmes de leur famille semblaient toutes appartenir au deuxième groupe, alors qu’à l’étage des domestiques on trouvait les deux catégories. La cuisinière se plaignait que son Alphonse « lui grimpait dessus trop souvent », tandis que la nouvelle femme de chambre, Eulalie, parlait de son Emile avec des trémolos dans la voix.   
De ses propres explorations Colette avait appris qu’elle aimerait ça : si elle arrivait à se procurer autant de plaisir seule, que serait-ce à deux ? Elle aimait dormir nue, faisant sonner son réveil pour se rhabiller avant que Julia ne vienne la réveiller : sa gouvernante était aussi prude que sa mère. Elle s’endormait en prenant des poses qu’elle imaginait lascives, rêvant d’un homme qui l’observait en la désirant. Le jeune Marquis de R, par exemple…
Voilà une épouse qui, bien qu’issue du même monde que sa famille, semblait faire partie de la première catégorie.  Son regard chaud, son allure moderne et affranchie, la façon dont elle s’arrangeait pour frôler son mari en le croisant dans le grand salon, les regards qu’ils échangeaient  
Son rêve semblait confirmer cette impression.

Colette s’étire… 11 heures : sa mère et Julia doivent vraiment être très occupées, quelle chance !
Mais Marie lui manque, pour partager ses impressions sur ce jeune ménage à la page. Elle lui manquera encore plus ce soir lors du dîner qui promet d’être d’un ennui mortel.
Ces gens sont tellement suffisants, tellement figés dans le passé et hostiles au changement. Ils s’accrochent à leurs traditions et à leurs manières de table comme si leur vie en dépendait, se cramponnent à leurs privilèges sans voir que le monde change et qu’il changera qu’ils le veuillent ou non. Que n’avait-elle entendu comme inepties autour de la table de réception, pendant le gouvernement du Front Populaire ! Mais bien sûr il n’était pas question qu’elle exprime son désaccord : pour tous, c’était une enfant, et puis, une femme, pensez-donc, les femmes n’entendent rien à la politique, que feraient-elles donc de ce droit de vote que réclament ces suffragettes ridicules ? 
A la grande surprise de son père et au grand déplaisir de sa mère, Colette s’intéressait pourtant à la politique. Elle lisait les journaux de son père, mais aussi ceux de François, le jardinier, qui curieusement présentaient les choses tout autrement. Cet homme doux et réfléchi lui apportait tellement plus que les leçons d’histoires dispensées par sa mère et « complétées » par les Sœurs du Cours Dupanloup d’Orléans où elle se rendait chaque samedi matin ! Les mères assistaient au cours et surtout aux contrôles, et le face-à-main de la mère de Colette en terrifiait plus d’une…


Sous les deux gigantesques lustres en cristal taillé, le grand dîner bat son plein. L’argenterie se reflète dans la verrerie étincelante, la viande est tendre à souhait et les légumes croquants, le service se déroule à la perfection : les domestiques se sont surpassés… Mais c’est la maîtresse de maison que l’on félicitera, pense Colette, ainsi que son père pour le choix des vins.
La conversation, comme prévu, la  consterne. Sa mère a fait rire la compagnie aux éclats en contant la réponse de sa sœur à sa domestique qui osait évoquer les congés payés. Tante Marthe s’est dressée de toute sa hauteur, a toisé la pauvre Berthe derrière son face-à-main (c’est de famille semble-t-il) et a tonné, glaciale : « Des congés payés ? Mais enfin, Berthe, est-ce que Monsieur le Comte et moi prenons des congés payés ? ». Hilarité de la tablée, la grosse Madame du Plessis a manqué s’étouffer, le Vicomte de Beaupré a recraché son vin, la mère de Colette s’est rengorgée, fière de son petit succès. Il n’en fallait pas plus pour relancer les plaintes sur le Front Populaire qui a ruiné le pays, les domestiques qui deviennent intenables et les juifs qui sont partout…
C’est maintenant au sujet de l’Allemagne et de ce curieux Hitler qu’on échange :
« Tout de même, on a beau dire, il a remis de l’ordre dans ce pays que la République avait mis à genoux »
« Les valeurs familiales sont enfin remises au goût du jour »
Quant aux lois anti-juives, elles sont abordées surtout sous l’angle de leurs conséquences pour la France :
« tous ces juifs allemands qui débarquent chez nous »
« beaucoup sont communistes, vous savez »
« nous ne pouvons tout de même pas les accueillir tous »
« on en avait déjà bien assez »
Colette ronge son frein en vidant son verre plus que de raison. Elle bout d’exaspération.  Elle puise un certain réconfort dans la physionomie de Nicole, la jeune Marquise, assise presque en face d’elle : celle-ci semble chercher son regard, lève les yeux au ciel à certaines énormités, un discret sourire aux lèvres. Il lui semble qu’elle l’exhorte à garder son calme, instaurant une complicité qui empêche la jeune fille de sauter à la gorge de l’ignoble Tardieu ou de quitter la table.
A sa droite le jeune Marquis, Edmond, tente à plusieurs reprise d’emmener la conversation sur le sujet moins sensible de la culture. En vain : les convives ne lisent pas, ne sortent pas sinon pour chasser et ripailler en bande. Il se penche alors vers elle pour partager ses lectures et spectacles, il semble vouloir la soutenir lui aussi et cela la réconforte. Mais pas assez pour que son genou cesse de trembler fébrilement sous la table, concentrant sa colère et son impuissance.
Jusqu’à ce qu’Edmond pose sa main sur sa cuisse, juste au dessus du genou. Tranquillement. Comme pour apaiser son tremblement. Colette s’immobilise, interdite. La main est puissante, elle est ferme, elle couvre cette surface de peau tendre dévoilée par sa jupe. Elle est douce. Un calme infini descend sur la jeune fille. Elle veut que cette main reste sur sa cuisse. Elle veut que cette main ne quitte jamais sa peau. Elle coule un regard sur la jeune épouse d’Edmond, l’heureuse femme qui peut disposer de cette main à sa guise. Et rencontre son regard. Nicole lui sourit ! Ses yeux brillent d’un éclat malicieux, comme si elle savait exactement ce que fait la main de son mari, comme si elle approuvait exactement ce que fait la main de son mari. Comme si elle l’encourageait !  Et même… comme si elle l’enviait. Les images de son rêve reviennent par flash à la mémoire de Colette. Ces seins ! Colette n’entend plus les fâcheux, elle n’entend plus que les pulsations de son cœur qui battent à ses tempes. Elle sent ces pulsations juste entre ses jambes, qu’elle ouvre doucement. Colette sourit à Nicole. Elle attend la suite. La main l’exauce : son pouce se détache des autres doigts et caresse sa peau, doucement. Très lentement. Trop lentement. Colette admire la maîtrise d’Edmond qui garde un visage impassible. Il sourit à sa femme, adresse même quelques mots à sa voisine de droite, cette idiote de Madame de Tardieu. Tandis que son pouce caresse la peau de Colette.
La main monte enfin, doucement. Très lentement. Trop lentement. Colette ferme les yeux. Elle doit se ressaisir ou quelqu’un va lire à livre ouvert sur son visage. Tardieu aimerait lui faire épouser son fils, il l’observe beaucoup habituellement. Dieu merci il est maintenant trop occupé à pérorer sur les Protocoles des Sages de Sion.
La main continue sa progression, les doigts atteignent enfin la peau si tendre de l’intérieur de ses cuisses, elle doit se retenir de frémir tant c’est délicieux. Le regard de Nicole semble lire la progression de la main de son mari sur le visage de Colette, son sourire s’accentue et son regard étincelle. Tout à coup Colette s’interroge : n’est-il pas curieux qu’elle ne soit pas jalouse ? Peut-on ainsi partager son mari ? Voilà une surprise pour Colette, qui a entendu parler à mots couverts des infidélités de ses oncles, mais n’a jamais imaginé que celles-ci puissent être encouragées par l’épouse. Pas Tante Marthe en tout cas !
Mais la main s’enhardit et Edmond a glissé ses doigts sous sa lingerie. Ce contact, léger, doux, sur sa toison bouclée lui donne la chair de poule. Les doigts se glissent plus avant et atteignent sa fente, que les caresses précédentes ont ouverte et copieusement mouillée. Oh mon Dieu, prie Colette, soudain réconciliée avec la religion, faites qu’il continue ! Et merci Mon Dieu, il continue, il glisse ses doigts et les bouge doucement à l’intérieur même de son sexe, son con, Marie lui a-t-elle-appris, tandis que sa femme ne les quitte pas du regard et que tous ces autres cons satisfaits déblatèrent sur le complot judéo-maçonnique mondial. … A cette pensée Colette éclate de rire. Un rire libérateur, sauvage, un rire salvateur, qui interrompt les invités, surpris. Glaciale, sa mère la dévisage, son face-à-main brandi comme un couperet : « et bien, Colette, puisque vous n’êtes pas assez mûre pour vous tenir correctement, si vous montiez vous coucher ? ».
Punie. Mise à l’amende. Comme une enfant, alors qu’elle se sent plus femme que jamais en cet instant précis. Mais, la force de l’habitude sans doute, Colette se soumet à l’implacable autorité maternelle que son père ne saurait braver en public, comme son regard navré tente de lui expliquer. Colette comprend. Elle a l’habitude. Les femmes ne votent pas mais certaines parviennent néanmoins à exercer le pouvoir, et sa mère est de celles-là.



Le brouhaha des départs emplit le vestibule sous la chambre de Colette, les  chauffeurs se succèdent au bas du perron dans l’habituel ballet des Chenard-Walker et des Panhard.
Les invités logés au château montent le grand escalier sous l’énorme tête de sanglier empaillée qui effrayait tant Colette enfant.
Elle entend les voix de ses parents prenant congé, reconnaît la voix d’Edmond et de Nicole qui s’éloignent vers la Chambre aux Cigognes, sa préférée.
On frappe à sa porte. 
« Entrez », dit-elle, la voix incertaine, peu désireuse de subir un sermon de sa mère ou, pire, les justifications piteuses de son père.
Mais c’est Eulalie, la nouvelle femme de chambre, qui s’approche sur la pointe des pieds : « Madame la Marquise de R m’a chargée de remettre ceci à Mademoiselle » dit-elle en lui tendant une enveloppe du velin crème monogrammé que sa mère met toujours à la disposition de ses invités. « Bonne nuit Mademoiselle ».
Colette décachette l’enveloppe : une simple feuille traversée du mot « viens » tracé à la plume.


De cette nuit dans la Chambre aux Cigognes Colette se souviendra toute sa vie.
Le déshabillé de soie grège de la jeune Marquise, la dentelle de calais couvrant à peine sa poitrine somptueuse, plus épanouie que dans son rêve. Le bruit doux de la soie tombant au sol, pour révéler une peau mate et des hanches pleines, un triangle plus noir encore que sa chevelure et des jambes parfaitement fuselées.
Le naturel avec lequel Colette se défait de sa chemise de nuit, elle que personne n’a jamais vue nue.
La bosse qui tend le pantalon de pyjama d’Edmond, assis sur le lit et qui ne porte rien d’autre. Sa poitrine musclée, parsemée de fins poils blonds, attire Colette mais la bosse mystérieuse l’attire plus encore. Elle s’agenouille alors, défait le cordon du pyjama et fait glisser le tissu. Ce qu’elle découvre est sans commune mesure avec ce qu’elle attendait / redoutait. Cette colonne dressée, d’une belle forme régulière, ces veines qui la parcourent, le buisson de poils blonds qui lui donne naissance, ce doux petit sac en dessous… tout la fascine. Elle s’enhardit à la toucher, du bout des doigts : la peau est incroyablement fine et douce. L’extrémité, à la peau encore plus fine, attire irrésistiblement ses lèvres. Edmond tressaille à son contact, Colette s’interrompt, le regarde. Hypnotisée par l’objet elle en avait oublié l’homme. Il lui sourit tendrement, lui caresse la joue et murmure « continue ». Nicole s’est approchée derrière Colette et lui caresse doucement les épaules, les reins, les fesses… puis s’introduit entre ses cuisses pour continuer la caresse commencée par son mari pendant ce dîner de cons.
A cette pensée Colette se remet à rire ; elle explique la raison de son fou-rire du dîner, Nicole et Edmond rient aussi, et Colette ajoute : cette fois ma mère peut me tuer, je ne sortirai pas de cette chambre avant…
Avant quoi, murmure Nicole à son oreille, enfonçant ses doigts dans son intimité : avant tout, répond Colette qui reprend son exploration du sexe d’Edmond.
Les caresses de Nicole l’amènent à un orgasme plus profond que ceux qu’elle se procure seule. La présence de ce sexe chaud dans sa bouche y a contribué pour beaucoup, et elle continue de le lécher et de le pourlécher, déclenchant des petits chocs électriques sur ses lèvres. Nicole vient la rejoindre et leurs deux langues se mêlent, leurs yeux rieurs se croisant délicieusement.

Apres des heures entières de délicieuses découvertes, notamment l’étonnant plaisir des langues d’Edmond et de Nicole sur son sexe à elle, Colette est terrassée par l’incroyable puissance des sensations déclenchées par la pénétration, qui lui semble l’apothéose de cette nuit d’initiation.

Le petit matin pointe déjà quand Colette, ivre de joie et repue de plaisir, se
faufile dans le couloir pour regagner sa chambre.
Ce n’est qu’en se glissant, encore ronronnante, sous ses couvertures qu’elle se fige, glacée. Sa mère, assise dans la bergère Louis XVI, la transperce du regard.
Sans son face-à-main, qui brille comme une menace, posé sur le marbre de la commode.


Commentaires

  1. En bon inculte que je suis j'ai eu plus de mal à lire cette nouvelle, j'ai dû aller chercher certaines définitions ;o)
    J’avoue que les plaisirs de la lecture ont donc été un peu moins forts que dans mes lectures précédentes, j’ai pensé que les contraintes imposées par ce Prix de la Nouvelle Érotique 2018 en étaient l’origine.
    Je me permets une petite suggestion : la scène de la découverte d’une verge par Colette est précipitée à mon humble avis, je m’attendais à une initiation guidée par le couple et pas que Colette se mette directement à genoux pour aller chercher ce sexe d’homme.

    Bien à vous,
    Alain

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