La guérilla du célibat 2.0 - Article
Le célibat, j'aime pas bien ça.
Je n’aime plus guère le mariage non
plus, notez, et quoi qu'il arrive dans ma vie désormais, je ne repasserai pas
devant M. ou Mme le maire.
Plus d’une fois, je ne vois pas bien le pourquoi.
Ce que je n'aime pas dans le célibat, ce
n’est pas d’être seule chez moi, c'est d'être seule dans ma tête.
Je m'explique : avoir un amoureux, ou
même juste un amant, c'est avoir quelqu'un à qui parler dans sa tête, quelqu'un
à qui penser. Et qui pense à vous. Et vous envoie des textos. À qui vous
renvoyez des textos. Et ainsi de suite.
Ça empêche d'entretenir des dialogues
imaginaires en boucle, nourris de récriminations et de regrets, avec l'ancien
amoureux, par exemple.
Ça occupe l'esprit.
Avoir un amoureux ou un amant, ça
occupe les mains aussi. Avoir quelqu'un à portée de main ou de métro pour
assouvir ses besoins de sexe et/ou de câlins, c'est bien.
Donc ma nature a horreur du vide. Si je
perds un amoureux/amant, il faut que je le remplace. Vite. Enfin, vite, pas de
l'instant-sex non plus. En une à trois semaines, disons, on n’est pas des bêtes.
Et pour ça, quoi de mieux qu'internet et
les sites de rencontres ? C’est fantastique les sites de rencontre ! Je
milite pour les sites de rencontres !
Avantages :
- ça donne du choix : une offre d'hommes
pléthorique et plutôt qualitative à Paris, suffit de faire le tri.
- ça occupe intelligemment : dialoguer en ligne avec du
correspondant High Potential, ça fait progresser syntaxe, fluidité d’écriture
et agilité intellectuelle
- ça narcissise : le rapport numérique homme femme joue
nettement en notre faveur et ces messieurs sont au taquet pour remporter la
timbale.
L’effet Reine du Pétrole, ça fait toujours plaisir.
L’effet Reine du Pétrole, ça fait toujours plaisir.
- ça nourrit : de déjeuner en dîner pour faire
connaissance, c'est toujours ça de surgelés en moins.
- ça instruit : au fil des rencontres on apprend
des tas de choses sur des domaines aussi variés que, par exemple la finance, le
bondage, l’art conceptuel, la domination, le tantrisme, le yoga… Et sur
l’infinie variété des morphologies et du plaisir.
Bien sûr ça n’est pas parfait. Il y a
des inconvénients :
- c’est chronophage. En phase casting, quand on
entretient plusieurs conversations en parallèle avant qu’un interlocuteur tire
son épingle du jeu, on se retrouve vite avec un vrai business à gérer, les yeux
qui piquent et plus de temps pour d’autres loisirs.
- c’est vite addictif : combien de charmes
aujourd’hui, est-ce que Rodrigue m’a répondu, et Mockingbird, il se
réveille ? Tiens, Didascalies is back in town… et on ressemble à une ado
accro à son portable comme une moule à son rocher.
- c’est potentiellement
fragilisant : l’effet Reine du Pétrole ne marche pas à tous les coups, il
y a des périodes de disette où les candidats quali manquent cruellement et où
les seules sollicitations émanent de Supermoi, Calinou, et autres pseudo
consternants.
Il y a
aussi les profils ultra-attractifs, 20/20 je coche toutes les cases, qui
viennent visiter ta page trois fois, et puis… rien. Une fois, j’ai demandé au
monsieur, pour voir, ce qui le dissuadait de me contacter, réponse : mon
âge. Il avait 42, j’en avais 46… Depuis je laisse courir.
Les rendez-vous
foireux, aussi, où tu te rends compte que tu ne lui plais pas du tout et qu’il
le cache très peu. C’est pas qu’il t’emballe plus que ça, d’ailleurs, depuis
l’époque de la photo, il a gagné en poids ce qu’il a perdu en cheveux, mais
quand même c’est vexant.
Et puis
les One-shotters. Après deux semaines d’échanges et une après-midi ou une nuit
torride, qui te donne envie de renouveler pour voir jusqu’où on peut aller
comme ça, Pfffuit, plus de son, plus d’image. Disparu le garçon. Pas que tu
voulais lui passer la bague au doigt, mais quand même, ne pas donner envie de
recommencer au moins une fois, tu te poses des questions : j’ai pas
d’écailles dans le dos, pourtant, si ?
Donc fleurs
bleues, cœurs d’artichaut et endommagées de l’estime de soi s’abstenir,
attention danger : faut avoir l’ego droit dans ses bottes et ne surtout
pas s’emballer trop vite, sous peine de mordre violemment la poussière.
C’est un monde cruel.
C’est un monde cruel.
- c’est mauvais pour le foie : comme on n’est pas
dans un roman de Foenkinos et que je ne bois pas de jus d’abricot, ça fait
beaucoup de verres de Buzet et de Quincy, tout ça.
Mais avec un peu de pratique, on affine
sa stratégie, on rationnalise le process et on obtient de bonnes, de très
bonnes surprises. Quelques tips ?
- Soigner son profil : ça vaut le coup de passer du
temps à le marketer, afin d’attirer les profils qui vous intéressent vraiment.
D’où l’intérêt d’Adopteunmec qui permet de développer. Choix du pseudo, goûts
littéraires, musique et ciné, ton et style permettent de donner un aperçu de sa
personnalité. Inutile de se réinventer façon grande mytho, autant être sincère,
il y en a pour tous les goûts. Mais vendre ses qualités, montrer son cerveau et
soigner la formulation valent le temps qu’on y passe : la qualité attire
la qualité, l’humour attire l’humour.
- Choisir ses photos : pas d’over-promesse !
La grimace de déception quand on arrive au rendez-vous, autant se l’épargner.
En mettre plusieurs permet de relativiser les défauts de l’une, et la photo en
pied renseigne utilement sur la silhouette : si les hommes ne préfèrent
pas tous les minces, ils aiment savoir à quoi s’attendre question gabarit. Les
photos où l’on rit ou sourit sont toujours préférables, autant ne pas paraître
sinistre : on n’est pas là pour se faire du mal.
Les hommes ne sont pas si accro qu’on le croit aux physiques parfaits, et le rapport numérique des sites les rend beaucoup plus ouverts à la diversité…
Les hommes ne sont pas si accro qu’on le croit aux physiques parfaits, et le rapport numérique des sites les rend beaucoup plus ouverts à la diversité…
- Etre claire sur ses attentes, mais détendue. Le profil
« je suis désespérée et je me m’enroulerai
comme un lierre autour de toi » rencontrera peu de succès. Signaler
qu’on s’interdit les CDD est anti-stratégique : un CDD, ça peut très bien
se renouveler voire finir en CDI. Je serais tentée de dire que les « Amateurs de Plan-cul, passez votre
chemin » sont aussi inutiles que contre-productifs, un plan-cul peut
devenir un CDD et ainsi de suite et en tout cas l’annoncer n’en préserve pas.
- En revanche, préciser qu’on ne veut pas d’un homme
déjà en couple peut être utile pour garantir un minimum de disponibilité. S’il
ne peut s’échapper qu’aux vacances scolaires quand Madame est en Bretagne, ça
va être compliqué. Qu’il aille choper sur Gleeden.
- Si on le sent, semer de petites allusions montrant
qu’on aime user de nos sens, voire qu’on n’a pas froid aux yeux, peut se
révéler payant. Sans pour autant remplir en détail la rubrique boudoir :
si on aime l’anal ou être attachée, il sera bien temps de le faire découvrir à
qui en vaudra la peine, sans s’attirer tous les fétichistes de la ville.
- Prendre le temps de dialoguer à distance avant de
rencontrer. On en apprend vraiment pas mal sur l’autre, même indirectement, à
travers ce qu’il écrit. On peut développer une complicité qui nourrira la
conversation quand on décide de se rencontrer. Le dialogue en ligne, pour peu
qu’on trouve une longueur d’onde commune, permet à une certaine alchimie des
esprits de se mettre en place. Un lien se crée, ou pas, au gré des convergences
ou des divergences de vues. Et une conversation déjà commencée permet de zapper
les sempiternels sujets rasoir de première rencontre : cinéma et voyages
et qu’est-ce que tu fais dans la vie… boring.
- Donner sa chance au produit. Si la complicité intellectuelle
existe et qu’on se plait un minimum, même si on n’est pas foudroyée par la
passion aussitôt qu’on le voit, ça ne coûte rien de persévérer.
Voire de goûter dès le ou les tout premiers soirs.
Coucher le premier soir, c’est aussi un excellent moyen de faire connaissance… et de checker un point-clé de toute relation durable.
Mais s‘il ne cherche qu’un PQ même pas R, me direz-vous ? Et bien au moins ce sera plié, en une fois, et sans désillusion. Sans avoir eu le temps de s’attacher pendant un mois de dîners, de guettage de sms et de gamberge… pour obtenir le même résultat, se faire larguer une fois l’objectif du malotru atteint.
Peur de passer pour une femme facile ? En 2018, un homme qui méprise une fille sexuellement libérée, c’est probablement un con, et sûrement un mauvais coup, alors autant le savoir tout de suite.
Voire de goûter dès le ou les tout premiers soirs.
Coucher le premier soir, c’est aussi un excellent moyen de faire connaissance… et de checker un point-clé de toute relation durable.
Mais s‘il ne cherche qu’un PQ même pas R, me direz-vous ? Et bien au moins ce sera plié, en une fois, et sans désillusion. Sans avoir eu le temps de s’attacher pendant un mois de dîners, de guettage de sms et de gamberge… pour obtenir le même résultat, se faire larguer une fois l’objectif du malotru atteint.
Peur de passer pour une femme facile ? En 2018, un homme qui méprise une fille sexuellement libérée, c’est probablement un con, et sûrement un mauvais coup, alors autant le savoir tout de suite.
Les sites de rencontre peuvent modifier
en profondeur les rapports hommes-femmes, en les plaçant à égalité sur le plan
de la séduction. Même si le rapport numérique favorise les femmes, qui sont
plus sollicitées et ont donc plus de choix, ils offrent aux hommes comme aux
femmes bien plus d’occasions de rencontres que la vie réelle, et donc augmentent
leurs chances de rencontrer quelqu’un qui leur plait vraiment. Peu importe que
les femmes aient plus de choix que les hommes, au final il faut être deux pour
se choisir : it’s a match, comme dirait Tinder.
Mais n’est-ce pas, me direz-vous, introduire un mode consumériste dans ce qui
devrait être laissé à la magie du hasard ? Et pourquoi les hommes
doivent-ils payer ?
Certes, c’est pragmatique, comme mode de
rencontre. C’est moins romantique que : « quand je suis arrivée à cette fête où je ne voulais pas aller, nos
regards se sont croisés et… ».
Mais la magie de la rencontre peut
naître à travers les échanges à distance, et se confirmer au premier regard, ça
marche aussi ! On discute et on se confie et on se marre et on se séduit
depuis quelques semaines en ligne avec un homme. Rendez-vous est pris, il
arrive à votre table de café, vous regarde et vous sourit, et paf. It’s a
match !
Certes, c’est un modèle économique qui
fait gagner beaucoup d’argent aux petits malins qui ont su marketer et
déringardiser le concept.
Certes, le fait que les hommes paient et
pas les femmes peut paraître injuste, voire désuètement sexiste. Mais c’est la
simple loi de l’offre et de la demande : pour l’instant les hommes sont plus
demandeurs de ce service que les femmes, ils sont prêts à payer, les femmes
non.
Pas de quoi en brûler son soutif.
Les sites, c’est juste augmenter le champ
des possibles et multiplier ces fêtes où on ne voulait pas aller (mais il faut
aussi aller à des fêtes réelles !).
C’est limiter le mauvais célibat, celui subi
faute d’occasions de rencontres.
Alors, où est le problème ?
Célibataires, à vos profils !
Toujours en quête de connaitre vos écrits j'ai lu cet article malgré que je ne sois pas célibataire et que je n'ai pas surfé sur des sites de rencontres à part les sites libertins par curiosité comme le dirons tous les hommes mariés me répondrez vous...
RépondreSupprimerJ'ai aimé votre analyse des sites de rencontre et votre objectivité sur ceux-ci.
Bien à vous
Alain