Bibliophilie, chapitre 2 - Nouvelle érotique




L’heure des tests est finie. Il est temps maintenant de débrancher le cerveau rationnel pour laisser libre cours au cerveau reptilien. Place aux émotions, place aux sens.
Place à cette langueur tendue vers un même but : tous deux savent où ils vont, nul besoin de se presser. Allongés en croix sur le canapé d’angle qui fait face à la bibliothèque, yeux fermés, ils savourent en silence la douceur de l’instant, chacun concentré sur ses sensations, tous deux connectés par leurs sens. Allongée sur le dos, elle a posé sa tête sur ses genoux et caresse ses avant-bras, il a soulevé doucement sa jupe, dégagé les pans de son chemisier, et caresse son corps de ses doigts légers et tentateurs, glissant sans s’attarder sur la douceur insensée de sa peau nue à la lisière des bas, sur la pointe des seins érigée sous la dentelle…

Pas trop vite, s’exhorte-t-il, décidé à savourer l’instant.
Pas trop vite, le supplie-t-elle en pensée malgré la puissance de son désir, car elle veut profiter encore de l’effroyable douceur de ses doigts sur sa peau électrisée.
La densité de leur silence traduit cette sensation partagée d’inéluctable crescendo : seuls leurs corps se parlent, seuls leurs soupirs se répondent, accompagnant la lente montée en puissance de leur plaisir. Leurs yeux sont fermés mais leurs esprits sont à l’unisson, respirant du même souffle, étirant l’instant au-delà du possible…

Ils ouvrent les yeux… au même instant, comme mus par le même instinct. Leurs regards dégagent la même incandescence, traduisent le même incendie dans leurs entrailles. Il la redresse et la soulève, manipulant son corps léger comme un fétu de paille, pour l’asseoir sur lui. Il bande fort et elle aime le sentir battre contre elle. Elle veut le voir, le sentir, le goûter. L’air farouche elle se lève alors, plante ses yeux dans les siens et enlève lentement son chemisier, puis sa jupe. Le soutien-gorge de dentelle suit le mouvement. Elle enlève alors sa culotte posément, lui tend avec un sourire mutin puis se réinstalle sur ses genoux, toujours sans le quitter des yeux. Sa culotte est trempée, il la hume avec délice, s’en caresse le visage.

Il sent sa chatte ouverte sur ses genoux, glisse ses doigts : elle est délicieuse, la toison brune s’arrête sur des lèvres épilées, d’une douceur totale, d’une moiteur radicale. Elle pulse sous ses doigts, il bande plus fort encore. 

Elle recule alors sur ses genoux pour se donner de l’espace et ouvre jean et ceinture, dégage sa queue du boxer et s’en empare comme du butin le plus précieux du monde. « Mon Dieu qu’elle est belle ! » lui dit-elle avant de la goûter, cueillant du bout de sa langue cette goutte de lubrifiant qui la fait chavirer, la parcourant de toute la longueur de sa langue, puis de ses lèvres... Il soupire de bien-être, yeux fermés, toujours respirant et goûtant la saveur de sa lingerie, profitant de la chaleur douce qui enveloppe sa queue palpitante.

Ils sont juste sur la même longueur d’onde, la même langueur d’onde. Elle joue avec cette perfection, se soulève pour la faire battre à son orée, la tenant fermement pour en faire l’instrument de son plaisir, tremblant et grondant sous l’effet que lui procure cette caresse à nulle autre pareille, ses yeux révulsés regardant le ciel vers lequel elle s’envoie. Il a rouvert les yeux et la regarde intensément, fasciné par l’ampleur de l’orage qui couve dans ce petit corps si fin.

Le grondement éclate en un cri rauque, un rugissement presque féroce, tout son corps s’arque et se raidit avant de s’abattre sur le torse de l’homme tandis qu’un liquide tiède coule entre ses cuisses. Elle le regarde alors, l’œil fiévreux:
-       Baise-moi, baise-moi maintenant je t’en supplie
Sa voix est basse, animale, sauvage : quel contraste avec la femme à l’allure froide et à l’humour caustique rencontrée quelques jours plus tôt à cette soirée guindée !


-       Avec grand plaisir ma belle. Comment tu veux que je te prenne ? 

-       Ça m’est complètement égal, fais-toi plaisir, tout ce que je veux, c’est que tu me baises. Si tu me baises pas je meurs.

Alors il la baise. Il la soulève au-dessus de sa queue qui n’attend plus que ça, la descend doucement, les yeux dans ses yeux. L’empale lentement, très lentement. Elle le regarde, éperdue, l’œil grave mais le sourire aux lèvres. Il sent les pulsations de son sexe autour du sien, ses contractions, il entend son cri bref quand il s’immobilise tout au fond. Alors il saisit ses hanches pour imprimer son rythme, il sent qu’il cogne juste au bon endroit, il le voit à son regard, à sa tête qui part vers l’arrière. Elle crie, encore, elle râle, et il la voit se cambrer, se cabrer sous ses coups, se transformer en torche humaine sous ses yeux lorsqu’il sombre avec elle, lié par le même bonheur suprême.

Il la baisera encore.
Avec ses doigts, possédant sa chatte, apprivoisant son cul.   
Avec sa bouche, avec sa langue, avec ses lèvres, la dévorant comme un fauve à la curée, son visage enduit de cyprine, son œil allumé comme un matin de Noël.
Avec sa queue. Face à elle, caressant, suçant, mordant, étirant les bouts de ses seins si réactifs. Face à son cul levé, tenant sa nuque, contemplant ses muscles qui roulent sous la peau de son dos, admirant ses épaules graciles.
Il sentira ses reins s’embraser, ses entrailles s’enflammer, son esprit exploser en myriades de couleurs.
Elle aussi s’enflammera, s’oubliera, se verra projetée dans un monde de lumières toutes saturées de rouge, se brisera la voix à hurler son plaisir.

Tous deux garderont en mémoire cette image d’apothéose : le sperme de l’homme jaillissant en gouttes nacrées dans une trajectoire d’une beauté parfaite sur le corps de la femme, son visage et ses lèvres.  

Ce bonheur-là ne se trouve pas dans les livres.


Commentaires

  1. Madame De La Plume je bande à vous lire avec tant de plaisirs...
    Cette belle plume qui sait manier les mots pour transmettre les émotions avec ce doux mélange de paraphrase et de fantasmes qui comblent mes envies de lectures érotiques...
    Bien à vous.
    Alain

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